Telegram prend d’assaut un marché noir de 35 milliards $
Dans un geste audacieux contre les activités illicites, Telegram a mis fin aux opérations de Huione Guarantee et Xinbi Guarantee. Ces plateformes, bien ancrées dans l’écosystème du marché noir via l’application de messagerie, ont traité plus de 35 milliards de dollars en transactions, révélées par une enquête choquante de TRM Labs. Offrant des services d’escroquerie et de blanchiment d’argent, ces marchés ont longtemps servi d’abri sûr pour les cybercriminels.
Les répercussions immédiates de l’interdiction
La suppression de ces plateformes a entraîné la disparition de milliers de chaînes et d’alias. Cependant, l’effet sur l’écosystème général a été minime, voire contre-productif. Tudou Guarantee, une autre plateforme sur Telegram ayant des liens avec le groupe Huione, a vu son activité exploser, avec une augmentation spectaculaire des volumes quotidiens et du nombre d’utilisateurs, suggérant une simple migration stratégique des activités illicites plutôt qu’une éradication.
Une réaction inattendue : l’ascension de Tudou Guarantee
Après l’interdiction, Tudou Guarantee a connu une augmentation de 70 fois de ses entrées quotidiennes, un changement dramatique indiquant une redirection stratégique des flux financiers illicites. Encore plus choquant, Xinbi Guarantee a rapidement fait son retour sur Telegram, connaissant une augmentation de 90% de ses entrées quotidiennes, malgré les sanctions précédentes.
L’offensive se poursuit aux États-Unis
Le gouvernement américain a intensifié ses efforts pour combattre ces réseaux criminels. En mai, FinCEN a classé le groupe Huione comme préoccupation majeure de blanchiment d’argent, lié à au moins 4 milliards de dollars de produits illicites. Les actions en justice se sont multipliées, allant jusqu’à imposer des sanctions à Funnull Technology et à deux portefeuilles de crypto-monnaies associés au groupe, pour leur rôle dans des escroqueries de type « pig-butchering », entraînant des pertes de plus de 200 millions de dollars.
Les activités clandestines continuent malgré tout
La dissolution de Huione Pay, l’aspect le plus visible des opérations du groupe, n’a pas mis fin à leurs activités. Opérant depuis le Cambodge, le groupe continue de proposer des services de paiement, tout en gérant une bourse de crypto-monnaies et même sa propre stablecoin, USDH. Cette dernière initiative vise à contourner les restrictions liées à l’utilisation de tokens tiers comme l’USDT, montrant une résilience et une capacité d’adaptation remarquables face aux tentatives de régulation.
Le rôle croissant des stablecoins dans les activités illicites
La tendance à utiliser des stablecoins pour faciliter les transactions illicites est en hausse, comme l’indique un récent rapport de la FATF. Ce phénomène soulève des questions sur l’efficacité des mesures actuelles pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans l’écosystème des crypto-monnaies.
En somme, l’interdiction par Telegram de marchés noirs estimés à 35 milliards de dollars a mis en lumière la complexité et la résilience des réseaux criminels dans l’espace des crypto-monnaies. Malgré des actions réglementaires et des sanctions significatives, le défi de déraciner totalement ces activités reste entier, avec des acteurs malveillants trouvant sans cesse de nouvelles méthodes pour opérer dans l’ombre.
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